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neither here nor there

Depuis la galerie, on peut voir la photographie d'un paysage de mer, dehors, sur un mur de béton. Il est rare au Japon de voir la mer sans la présence du béton : murs anti-tsunami et brise-lames se répandent sur toutes les rives et côtes.

Les bottes en caoutchouc qui se tiennent face à la photographie nous projettent plus près, dans le plan d'eau. D'autres bottes, à l'entrée de la galerie, attendaient les visiteurs, invitant chacun à se rapprocher et à mesurer son rapport intime à l'eau, à la mer, entre contemplation et appréhension.

Face à ce paysage on peut plonger dans le calme d'une mer que rien ne vient déranger. Les bottes de caoutchouc vides, à côté de nous alors, figurent la transparence qui est la notre quand nous devenons paysage, absorbés – évaporés – dans la contemplation de la ligne d'horizon.

Familier pour nombre de visiteurs puisque pris depuis le port d'Aomori, ce paysage l'est finalement pour tous ; les paysages de mer se ressemblant et se superposant dans nos esprits comme une unique image de la mer. Image divisée en deux horizontalement, comme l'on peut en avoir pour fond d'écran et que nous voyons apparaître sur un ordinateur inactif – en veille – quand toutes les fenêtres sont fermées, elle affiche une ligne horizontale plate, immobile.

Seule la mer nous permet de faire face à un horizon dégagé et à un tel degré d'abstraction du paysage. En s'approchant de la photographie nous ne parcourons qu'une distance insignifiante, et par définition, l'horizon reste inatteignable.

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